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Elle se dégagea, se sentant à jamais conquise par cet amour presque aussi grand que celui qu’elle allait perdre. Au fond d’elle-même, elle jura alors à celui qui l’adoptait si généreusement, qui la reconnaissait si noblement, une affection, un dévouement aveugles.

— Merci, dit-elle, grave et réfléchie : j’accepte votre protection, mon frère ; ce que vous faites aujourd’hui pour moi ne s’effacera jamais de mon cœur ; vous pourrez à votre tour disposer de moi, je vous appartiens pour toujours.

Le général avait suivi cette scène des yeux ; le bonheur éclairait ses traits mourants.

— Ô Lucien, murmura-t-il, que tu rends douce la dernière heure de ma vie, que je te remercie, mon fils bien-aimé !

Ils s’agenouillèrent tous deux aux pieds du lit.

— Je jure de la défendre, de la protéger, de partager avec elle ma fortune, et le nom que vous me laissez glorieux et honoré, je jure de veiller sur elle et de lui donner à mon foyer de famille la place qui lui est due, dit solennellement le jeune homme.

— Et moi, reprit à son tour Miriam, je jure de lui rendre en dévouement, en reconnaissance, en soins et en tendresses, tout ce qu’il fait pour moi ; je jure de le préférer, lui et les siens, à tout sur la terre ; je jure de mourir pour lui, s’il le faut.

Le général étendit ses deux mains déjà froides sur ses enfants réunis auprès de lui pour la première fois.

— Je vous bénis, mes enfants bien-aimés, dit-il d’une voix solennelle, dans votre loyauté, dans votre amour fraternel, dans votre dévouement ; ensemble demeurez dans la vie ; ce que tu fais à cette heure pour elle, Lucien, je sais que plus tard elle te le rendra !

Le soir de ce jour, le général s’éteignit dans les bras