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— Et l’autre ? demandèrent-ils.

— Elle est sans valeur pour vous, dit la fille des Muzza en devenant toute pâle, il n’y a que des papiers sans importance.

— Tu mens, crièrent les pillards qui avaient vu son hésitation ; ce sont tes valeurs les plus précieuses.

Et ils s’élancèrent vers le coffret.

Chériffa le couvrit de son corps.

— À moi, mes amis, cria-t-elle en arabe à ses serviteurs, c’est un dépôt confié à l’honneur de mon père, défendons-le ensemble.

Tous se précipitèrent, une horrible mêlée s’ensuivit ; les femmes s’accrochaient aux baïonnettes qui leur déchiraient les flancs, elles mordaient les mains qu’elles pouvaient atteindre ; on n’entendait que des cris de douleur, des supplications, des blasphèmes c’était horrible !

Chériffa se défendait comme une lionne, son sang coulait de toutes parts ; les armes du vieux cheik étaient à sa portée, elle n’en avait cependant saisi aucune, elle cherchait simplement à éviter les coups, et surtout à sauvegarder la cassette de l’émir.

Mais les soldats étaient las de la lutte, les coups devinrent plus meurtriers ; chaque fois que Chériffa se relevait silencieuse et résolue, la baïonnette s’enfonçait dans son beau corps souple et en ressortait rouge jusqu’à la garde.

Tout à coup, comme elle retombait inerte, criblée de blessures, sans forces, presque sans vie, le galop effréné d’un cheval se fit entendre et s’arrêta droit devant la kasbah !

— Chériffa ! Chériffa ! France ! France !… put-on entendre.

Aussitôt un homme entra, ou plutôt se précipita