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représentait l’honneur et le dévouement avait une place.

Après deux ans d’intimité, Chériffa tint sa promesse, elle avoua son amour au vieux chef.

Muzza, résolu et inflexible avec tous, ne résistait pas aux larmes de sa fille, son unique famille. Il refusa d’abord ; mais il finit par céder à ses prières et accorda à M. de Sauvetat la main de Chériffa.

Tous deux furent unis devant le cadi et suivant le rite mahométan. Après la cérémonie, le colonel jura de son seul mouvement à sa jeune femme, sur son honneur d’officier français, qu’aussitôt qu’ils le pourraient, ils se marieraient devant les autorités françaises.

Sans restriction, elle crut ce serment qu’elle n’avait pas demandé.

Un an encore, ils vécurent heureux dans la consécration et la plénitude de cet amour qu’ils avaient voulu et désiré.

M. de Sauvetat allait être père, lorsque tout à coup ses absences devinrent plus fréquentes, et les longues tristesses de Chériffa, sans cause apparente, se firent en même temps plus amères.

C’est que, le 20 novembre 1839, tandis qu’une petite fille, qu’on nomma Miriam, venait au monde dans la grande tente des Beni-Muzza, tandis que toute la tribu apportait des présents à Chériffa, Abd-el-Kader déclarait de nouveau la guerre sainte, l’effusion du sang recommençait, et M. de Sauvetat, obligé de reprendre son poste de combat, devait quitter le coin de terre où il avait trouvé le bonheur.

Cependant, la vallée, située aux confins du Maroc, était éloignée du théâtre de la guerre ; il n’était pas probable que sa paix fut troublée. De plus, le cheik