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— Si n’as tu pas peur, essaie.

À ce mot de peur, les yeux de l’étranger brillèrent. Muzza le regardait ; il vit l’éclair et sourit.

— Le courage ne s’acquiert pas, dit-il, il est un don d’en haut : Allah l’a mis dans ton âme, sois des nôtres.

Le voyageur accepta.

L’hospitalité n’était pas si simple que le disait Muzza.

La kasbah, divisée en plusieurs compartiments, était toute jonchée de peaux splendides ; des armes d’une beauté incomparable formaient des panoplies nombreuses ; les draperies éclatantes étaient mêlées d’or et d’argent.

Dans la vallée, des milliers de petites habitations, groupées autour de celle du chef, contrastaient par leur éclatante blancheur avec la sombre et luxuriante végétation qui les environnait.

Le sol accidenté était recouvert de vignes ; dans les jardins cultivés et séparés les uns des autres par des haies d’orangers et de chèvrefeuilles, on voyait des melons, des figuiers, des oliviers.

Le noyer, le jujubier, le grenadier, l’absinthe se mêlaient aux fourrés des broussailles et aux taillis des bois. Les citronniers, parés de leurs fleurs et de leurs fruits presque éternels, répandaient un parfum délicieux. Les genévriers de Phénicie, les masses de liège, les chênes aux glands doux formaient de grands massifs sombres, du milieu desquels on voyait s’élancer les cônes ondoyants des pins de Jérusalem.

Sur les premiers escarpements de l’Atlas, l’agave dressait ses immenses rameaux, semblables aux glaives de cette race de géants, ensevelis sous la montagne aux premiers jours du monde.