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Elle poussa un cri terrible rempli d’un incommensurable désespoir.

D’un bond elle alla tomber contre le mur, s’arrachant les cheveux et ne pouvant contenir les sanglots qui ébranlaient sa poitrine.

Tout à coup elle se releva ; sa narine frémissait, ses prunelles brillaient encore pleines de larmes ; elle saisit la main de Jacques, et la serrant à la briser :

— Elle me l’a tuée, n’est-ce pas ? demanda-t-elle l’œil hagard. Parle, mais parle donc !… Ah ! qu’est-ce que je pourrai inventer pour elle ?… L’échafaud, non, elle ne souffrirait pas assez ; ce serait trop vite finit !…

Elle poussa un éclat de rire strident, prolongé, affreux ; ses yeux avaient un éclat insupportable ; ses ongles ensanglantaient ses belles mains.

Jacques ne s’attendait pas à cette explosion presque sauvage ; une terreur sans nom s’empara de lui. Ses sanglots redoublèrent ; il vint tomber à ses pieds.

— Je ne suis plus donc rien pour toi, aujourd’hui ? murmura-t-il la voix entrecoupée. Tu ne m’aimes donc plus ? Et toi, si généreuse, vas-tu payer mes longues souffrances en me désespérant par le spectacle d’une douleur qui s’isole de moi ?

Il avait pris de force ses mains brûlantes, et les couvrait de baisers et de pleurs.

Marianne abaissa les yeux sur lui ; le visage bouleversé de Jacques la toucha.

Elle l’attira jusqu’à elle, entoura son cou de ses bras et, laissant tomber sa tête sur l’épaule de son fiancé, elle éclata en sanglots :

— Je l’aimais tant ! murmura-t-elle, pardonne-moi !…

Le jeune homme la laissa pleurer un instant en silence.