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même avant notre départ pour Cauterets, garantir pour lui certaines créances à MM. Sandos et Savary, les banquiers ; je les ai payées plus tard. Si tu étais une fille de cœur, tu me rendrais tout cela. Ce serait, d’ailleurs, une manière de prouver ton affection à Georges, ajouta-t-elle avec un cynisme épouvantable.

Marguerite tressaillit, blessée dans tout ce que ses délicatesses et ses pudeurs pouvaient avoir de plus intime.

Blanche ne vit pas son mouvement, elle reprit :

— Et puis, Jacques ne m’aime pas, tu le sais ; nous avons, toi et moi, certains intérêts communs, pourquoi n’arrangerais-tu pas tes affaires de façon que si… un accident t’arrivait, il lui devienne impossible de me tourmenter.

— Un accident ! lequel ?

Les yeux de la mourante s’agrandirent.

La mère n’eut pas pitié, elle poursuivit :

— Allons, voyons, ne t’effraie pas ; il ne peut rien t’arriver, c’est certain. Mais un testament ne tue pas, on le sait bien. Et une bonne fille doit vouloir que ce qui lui appartient reste à sa mère !

Marguerite se renversa sur son lit sanglotante et désespérée.

— Est-ce possible ! miséricorde ! s’écria-t-elle, est-ce possible !

Cadette, assoupie par la fatigue des nuits et des jours précédents, se réveilla au bruit des pleurs de Marguerite.

— Qu’as-tu, ma mignonne chérie ? demanda-t-elle.

— Rien, dit la mourante.

— Que lui avez-vous fait ? interrogea la nourrice en se retournant vers Blanche. Que signifient ces larmes et ce chagrin ?