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qui bon te semblera ; aujourd’hui je veux t’obéir, je sens que je le peux, ajouta-t-elle avec un mystérieux sourire.

— Vraiment, tu me permets d’écrire à M. Chérac. Oh ! je vais de suite lui envoyer une dépêche.

Marguerite sourit encore plus tristement que la première fois.

— M. Chérac est très occupé, dit-elle, ne m’as-tu pas assuré qu’il était une des gloires de la jeune École de médecine ?

— Oui, eh bien ?

— Il fera peut-être trop attendre sa visite, et il court risque de ne plus trouver sa malade.

Jacques n’entendit pas les derniers mots que la jeune fille avait murmurés plutôt que prononcés.

— N’importe, répondit-il, Jules Chérac est un de mes amis d’enfance ; pour moi il quittera tout.

— Bien. C’est aujourd’hui mardi, écris-lui alors d’arriver jeudi ; ma mère sera à la campagne ; je veux être seule avec toi durant cette consultation.

Jacques s’inclina et baisa le front de sa pupille, presque heureux de cet acquiescement tardif.

— Oui, M. Chérac la sauvera, se disait-il avec conviction.

Le génie doublé par le cœur, tel était celui que le jeune homme appelait. Simple médecin à Bordeaux, M. Chérac était un jour parti pour Paris, sans s’ouvrir de son projet à personne. En arrivant, il avait concouru pour une place de chef de clinique dans un des hôpitaux les plus importants, et sans relations, sans protection, il avait eu le no 1 au concours.

Son talent et un travail sérieux n’avaient pas tardé à lui faire une réputation qui avait dépassé le cercle des intimes. Nommé membre de l’Académie et offi-