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— Bah ! dit-il en manière de conclusion, pour remède, j’ordonne… un mari.

Madame Larroche, qui se rassurait facilement, chaque fois que sa charmante petite personne n’était pas en jeu, n’en demanda pas davantage. Elle répéta à Georges le diagnostic du docteur, et elle revint de plus belle à ses fêtes et ses hôtes.

Vers la fin d’octobre, elle annonça sa rentrée à Roqueberre, et invita une dernière fois ses amis à venir célébrer à Auvray la fuite des beaux jours.

M. de Boutin, Orphée Labarthe et Jacques, assistaient à la fête.

Toute la journée on rit, on se promena, on se répandit comme des fous le long des allées ensoleillées et verdoyantes.

La nature avait cette grâce infinie et navrante qui entoure tout ce qui va mourir.

Les vignes, dépouillées de leurs fruits, mais toujours couvertes de feuilles rougies par les premières gelées, zébraient de larges bandes plus ardentes le vert profond des grands bois sombres : les corbeilles de fleurs soigneusement entretenues étaient pleines de ces belles plantes d’automne, ces chrysanthèmes élégants, au feuillage grêle, à l’âpre parfum. Dans la campagne, les laboureurs retournaient la terre fumante qu’ils allaient ensemencer.

Leurs appels monotones et mélancoliques jetaient au loin comme une note de tristesse sur la gaieté bruyante des hôtes de Blanche.

En effet, on entendait du côté du château de bruyants éclats de rire : les jeunes femmes jouaient et dansaient.

L’heure du dîner et le bal qui devait suivre étaient impatiemment attendus.