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Des détails intimes, répondit le juge, je n’en connais aucun. Je sais ce que tout le monde a appris, et cela se borne à peu de chose :

Madame de Sauvetat est partie pour Cauterets avec sa fille et une nouvelle femme de chambre, de réputation fort équivoque, le lendemain même de votre départ pour Cadillac, il y a trois semaines environ. Tout aussitôt, elle a fait publier ses bans à la mairie de Lavardens, le canton d’où dépend sa propriété d’Auvray, et où elle avait élu domicile afin de pouvoir s’y remarier. Ceux qu’on a affichés à la mairie de Roqueberre n’ont été, suivant l’usage, lus par personne ; au prône, le curé complaisant, les a tellement bredouillés, que nul n’a remarqué les noms. Enfin, il y a trois jours, elle a laissé Marguerite à Cauterets avec cette mauvaise fille, sa confidente sans doute, et elle est arrivée ici, chez madame Sembres, sans que personne le sût. Elle est immédiatement repartie pour Auvray dans la voiture de M. Delorme.

— Seule ?

— Avec ses témoins.

— Qui étaient ?…

— Pour le marié, M. Chanteclair et M. Sembres ; pour elle, M. Drieux et M. Delorme.

— Ah ! M. Delorme ! dit le jeune homme en serrant les dents, il est dans toutes les sales affaires du pays ; mais patience, nous le retrouverons quelque jour !… Et Marguerite est restée seule là-bas avec cette Julia ! Mon Dieu ! que Marianne souffrirait si elle savait ce qui se passe !

— Le mariage a eu lieu, à minuit, reprit M. de Boutin, au bout d’un instant de silence, dans l’église déserte d’Auvray, devant les seules personnes que je vous ai nommées.