Page:Ninous - L Empoisonneuse.pdf/297

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Jacques poussa un cri et bondit vers le juge.

— Remariée, elle, elle !… Madame de Sauvetat avec Georges !… Miséricorde ! qui a-t-elle donc trompé ?…

— Jacques, votre promesse, du calme.

— Du calme ? Mais elle nous a tous joués ! Mais elle a sacrifié Marguerite. Ah ! je comprends, maintenant !

— Elle a sauvé sa fille d’un mariage ridicule d’abord.

Et puis… qui vous dit que nos soupçons ne vont pas devenir des certitudes, et qu’elle ne va pas enfin se dévoiler ?…

Le jeune homme parut ébloui d’une lumière soudaine.

— Comment !… s’écria-t-il ! Ah ! ce serait lui !…

Les misérables !… Enfin, voilà la cause !… Il faut parler ; nous ne devons plus nous taire ! Il faut dire…

— Rien, interrompit le juge de sa voix brève et sévère. Vous vous tairez comme je me tais. Pas plus qu’il y a deux ans, vous n’avez de preuves aujourd’hui. Mais elles vont peut-être surgir ; sachez les attendre. Au moment où la suprême justice commence son œuvre, allez-vous l’entraver ?

Jacques, frappé de l’assurance solennelle et résolue que lui donnait le juge, se sentit plus que jamais convaincu par cette foi vaillante que rien ne faisait chanceler.

— Ah ! s’écria-t-il, si vous disiez vrai !… si elle pouvait nous être rendue !…

Mais, interrogea-t-il, au bout de quelques minutes de silence et en songeant enfin à demander des renseignements de détail sur ce fait si grave et si inattendu, que s’est-il passé ? Comment tout cela s’est-il accompli ?