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qu’il n’avait pas comprise jusqu’à ce jour. Quelque chose de fort et de doux étreignait son cœur, rallumait son courage ; il entendait des voix qui lui donnaient des conseils et assuraient la victoire à sa persévérance.

Il remontait alors dans sa tour. Au-dessus de la cime des arbres, le fin croissant de la lune éclairait l’horizon grandiose des Pyrénées, l’air devenait plus pur, les étoiles semblaient plus brillantes, son esprit achevait de se rasséréner ; la nature, cette mère commune, l’étreignait de plus près, dans sa tendresse sans nom, elle berçait sa douleur et finissait par lui rendre sa force virile.

Quinze jours durant, il souffrit et lutta ; mais sa fière volonté, un instant amollie par la vue de Marianne, se releva plus puissante après l’épreuve.

Désormais trempé, implacable et invincible, c’était un homme d’énergie et de combat qui allait marcher vers le but à atteindre.

Il se décida à revenir à Roqueberre.

Un coup de foudre l’attendait.

— Ces dames sont à Cauterets, lui fut-il répondu, lorsqu’il se présenta à l’hôtel de Sauvetat.

Il courut chez M. de Boutin.

Celui-ci lui prit la main et la serra longuement :

— Vous allez être calme, Jacques, n’est-ce pas ? lui dit-il, devant ce que je vais vous apprendre, et vous vous en rapporterez à moi, me le promettez-vous ?

— Ah ! malheur, fit le jeune homme bouleversé, qu’y a-t-il donc ?

— Des choses exceptionnellement graves ; me jurez-vous de ne faire que ma volonté ?

— Oui, mais parlez, vous me faites mourir.

— Blanche est remariée depuis trois jours avec M. Larroche.