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VII

UN SECOND MARIAGE


Après sa visite à Cadillac, Jasques Descat, au lieu de revenir vers sa pupille, sentit le besoin de se recueillir et de garder pour lui tout seul, durant quelques jours, l’âpre bonheur qu’il venait de goûter.

Âpre ! Oh ! oui, que mince avait été la joie, que cuisants et durs étaient les regrets !

L’avoir approchée de si près, et n’avoir pu ni serrer sa main, ni entendre le son de sa voix, quelle souffrance !

Aurait-il jamais la force d’endurer ce terrible martyre, d’attendre de longues années peut-être, la sachant là-bas, triste, malheureuse, avilie !…

Cependant, sous toutes ses pensées amères, il y avait une joie secrète et profonde qui dominait son désespoir : il l’avait revue !…

Ses grands yeux doux avaient rencontré les siens ; elle avait pâli en l’apercevant, un frisson l’avait secouée des pieds à la tête lorsqu’il avait parlé. Dans ses heures mauvaises, c’était peut-être vers lui que se tournaient ses pensées et ses vœux !

Elle l’aimait donc toujours, elle ne l’avait pas oublié !… Jacques était avant son voyage aussi certain de la fidélité de cet amour que de l’innocence de sa fiancée, et cependant cette assurance nouvelle était pour lui un bonheur sans nom !

Pauvre cœur humain ! il ne suffit pas au plus épris, au plus loyal d’être sûr de la réciprocité, il faut en-