ans, beau garçon, intelligent, instruit, comte et millionnaire, que te faut-il de plus ?
La jeune fille s’était relevée, et avait dans les yeux une flamme qui rappelait à Blanche un autre regard :
— Il me faut accomplir strictement la volonté de mon père, répondit-elle, en accentuant chacun de ses mots.
— Qu’est-ce à dire ? riposta la veuve impérieusement.
— Mon père m’a désigné et presque imposé un mari ; j’épouserai celui-là, pas un autre. Ce choix de mon père, vous même l’avez approuvé devant moi…
Madame de Sauvetat fit un brusque mouvement ; elle ouvrit la bouche.
— Oh ! ne niez pas, continua Marguerite blanche comme un cierge, mais résolue, je m’en souviens ; c’était le dernier jour que j’ai vu mon père !…
Et tandis que la veuve tressaillait, un sanglot monta aux lèvres de la jeune fille ; mais, se contenant, elle reprit :
— Oui, vous consentiez alors. Depuis, n’avez-vous pas encouragé cette affection, ne m’avez-vous pas approuvée ? Vous receviez chaque jour M. Larroche, pourquoi ? N’était-ce pas pour m’apprendre à le connaître ? Je l’ai cru, et…
— Et…, interrompit madame de Sauvetat prête à éclater.
— Et, reprit Marguerite de son accent ferme, je serai sa femme, ou je ne me marierai jamais.
Un éclair d’effroyable colère passa dans les yeux sombres de Blanche.
— Je vous dis, fit-elle violente et emportée, que M. de Birac a ma parole, et… que vous la tiendrez.
La jeune fille s’inclina.