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C’étaient les premières nouvelles qui allaient lui arriver du dehors.

Malgré elle ses lèvres murmurèrent l’éternel refrain de sa pensée et de son cœur.

— Jacques, Marguerite !…

Un instant elle demeura silencieuse, appuyée contre le mur du cabinet de M. Renaud, pâle, froide, sans force, n’ayant plus le courage de repousser l’enivrante tentation qui s’offrait à elle.

Elle allait donc savoir ce que devenait Marguerite, si elle n’avait pas oublié son nom, si son bonheur, ce bonheur si chèrement payé par elle, était près d’éclore ou de se consolider.

Et Jacques, son Jacques, son unique amour, la lumière de sa vie misérable… l’aimait-il toujours ?

Le doute, l’indifférence ne l’avaient-ils pas effleuré de leurs ailes glacées ?

Depuis un an pas un mot de lui, il tenait bien son serment !… Qu’allait-elle apprendre ?

Elle ferma les yeux, la vie l’abandonnait. Non, elle ne devait pas tenter de telles épreuves ; elle devait consommer le sacrifice entièrement, généreusement, sans retour vers le passé.

— Monsieur le directeur, dit-elle, M. de Boutin a-t-il quelque chose de particulièrement grave à me communiquer ?

— Je ne crois pas, il veut savoir si vous persistez dans vos résolutions. Il m’a chargé de vous dire cela seulement.

— Je persiste ; l’heure de le revoir n’a pas encore sonné pour moi, répondit-elle. Priez-le d’ajouter à toutes ses bontés, celle de ne pas insister.

Son accent était ferme et doux en apparence, elle s’inclina devant le directeur et sortit.