— Jacques, dit-elle, je crois que je vais me marier.
Pour la deuxième fois, le jeune homme dut contenir les battements précipités de son cœur ; afin de mieux connaître la pensée de Marguerite, il affecta même une gaieté dont il était très éloigné.
— Te marier, miséricorde ! s’écria-t-il ; et avec qui, mademoiselle, s’il vous plaît ? Sans mon consentement ? Comment vas-tu faire, voyons ?
Elle devint toute blanche. Jacques sentit ses mains trembler dans les siennes.
Il la regarda et devinant sa souffrance, il eut pitié ; sa voix se fit douce et tendre :
— Parle, mon enfant bien-aimée, insista-t-il ; quel est le fiancé dont tu as fait choix, par ordre de qui le prends-tu ? Ouvre-moi ton cœur sans crainte.
Tu ne le saurais faire à quelqu’un qui t’aime aussi sincèrement, aussi profondément.
— Je veux me marier par ordre de mon père, dit-elle en baissant la tête.
Et d’une voix moins distincte, elle ajouta :
— Avec Georges Larroche.
Mais Jacques était déjà debout ses yeux étaient pleins d’éclairs, ses narines frémissaient, il ne se contenait plus.
— Georges Larroche ! s’écria-t-il, Georges Larroche ! Allons donc !… Ton père t’a ordonné de prendre Georges Larroche pour mari !… Oh ! c’est impossible, je deviens fou !
— Non, Jacques, c’est vrai et réel, j’ai juré à mon pauvre père d’être la femme de Georges Larroche.
L’avocat porta les deux mains à son front comme pour rappeler sa raison absente.
— Voyons, Marguerite, dit-il, tu as souffert, beaucoup souffert depuis la mort de ton père, es-tu sûre de