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ce dernier témoignait à sa belle pupille s’expliquent par une passion ardente et coupable.

« Sans toi, lui écrivait-il un jour, que deviendrais-je ? Oui, j’ai accepté tous tes sacrifices, tous tes dévouements, et nos liens aujourd’hui sont devenus si étroits, j’ai si grandement la conscience du bien que me fait ta chère présence, que je ne me reproche même plus mon égoïsme ; j’accepte tout, et je renonce à m’acquitter jamais. »

Ces lignes n’ont pas besoin de commentaires.

Messieurs, je demande justice, au nom de la société, au nom de la famille, au nom de la fille orpheline, au nom de la veuve irréprochable, qui a été méconnue ; justice au nom de toutes les femmes honnêtes… Démasquer et frapper une créature aussi dangereuse, est pour vous un devoir rigoureux devant lequel il ne nous est pas permis de reculer.

Le procureur s’assit au milieu de murmures flatteurs.

Les jurés étaient impressionnés défavorablement pour Marianne.

Le peuple se taisait et seul restait froid.

Le moment où Jacques devait prendre la parole était arrivé.

Il se leva après une suspension d’audience assez longue.

Nul n’ignorait l’absence forcée de l’avocat au moment où l’affaire avait commencé, son arrivée subite, sa passion plus ardente que jamais, sa résolution inébranlable et affirmée hautement par lui, de donner son nom à Marianne si on voulait la lui rendre.

On savait que Jacques était un homme de vertu sévère et de scrupuleuse loyauté. Pour lui, avec sa conscience, ni compromis, ni transaction ; s’il voulait