Page:Ninous - L Empoisonneuse.pdf/191

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et sur un signe affirmatif du docteur :

— Vous pouvez vous retirer, dit-il.

Jacques se leva.

Lui, jusque-là si maître de soi, si impassible, si indifférent en apparence à la cause qu’il défendait, il avait dans les yeux des éclairs et des menaces ; les coins de sa bouche dédaigneuse étaient relevés par une expression de dédain indéfinissable.

— Pardon, monsieur le président, dit-il d’un accent bref, voulez-vous demander à cet homme s’il n’a aucun sujet de haine contre l’accusée ; si sa déposition est bien conforme au serment qu’il vous a fait, de dire la vérité, rien que la vérité.

Le grotesque docteur s’arrêta à moitié du chemin qu’il avait déjà fait pour aller S’asseoir et tressaillit.

Le président l’interpella :

— Témoin, dit-il, vous entendez la demande de la défense, veuillez répondre.

— Moi, en vouloir à quelqu’un, s’écria M. Delorme, de sa voix étrange et voilée, oh ! je suis trop bon pour cela ! J’ai été toute ma vie l’ami de la maison ; ce que j’ai vu, je le dis simplement, comme un honnête homme que je suis. J’ai pu admirer madame de Sauvetat et je n’ai pas caché aujourd’hui ce sentiment ; quant à détester l’accusée, c’est faux : je n’ai aucun sujet de haine contre elle.

Jacques répliqua :

— Est-ce que le témoin n’a pas, à une époque, demandé mademoiselle Marianne en mariage ?

— Non, c’est un mensonge, j’en donne ma parole ! exclama le docteur, pendant que sa grosse tête se congestionnait par l’effet d’une violente colère. C’est une affreuse calomnie, les avocats ne respectent rien ! Mais