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— Et après sa mort ?

— Après ?… fit Blanche en hésitant de nouveau, après sa mort ?…

Et, tout à coup, retombant en arrière sur le fauteuil des témoins :

— Non, dit-elle en sanglotant, non, quand tout l’accuserait, je ne la croirais pas coupable !…

Il passa comme un frémissement dans une partie de l’auditoire ; les jurés se penchèrent les uns vers les autres sans essayer de dissimuler une certaine admiration pour la générosité de cette malheureuse femme, qui non-seulement ne frappait pas sa rivale à terre, mais qui essayait encore de la défendre.

M. de Boutin serra les mains de Jacques.

— Que vous avais-je dit ? murmura-t-il tout bas.

Le jeune homme ne répondit pas. La voix du président se faisait de nouveau entendre.

— Pourriez-vous nous renseigner sur la naissance et l’origine de l’accusée ? demanda-t-il ; M. de Sauvetat vous avait-il fait part des causes de son adoption ?

— Je n’ai jamais rien su de tout cela, Monsieur. Mon mari avait, dit-on, instruit ma pauvre mère de sa conduite passée et de ses intentions futures. Quant à moi, il ne m’a pas honorée d’une confiance que, par délicatesse, je n’ai pas cru devoir solliciter.

— Il faut maintenant, Madame, reprit le président d’un ton plus solennel, que vous mettiez un instant vos généreux scrupules de côté, pour faire connaître à la justice en votre âme et conscience, la nature des rapports qui existaient entre M. de Sauvetat et sa pupille.

Blanche se releva avec dignité.

— Ce que vous me demandez, Monsieur, dit-elle, est très délicat et beaucoup trop intime. Les relations entre M. de Sauvetat et Marianne étaient de celles qui doivent