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tout ce que j’ai de plus sacré, je vous donne ma parole que votre nom ne sera jamais prononcé par moi.

— C’est très sérieux, fit Despax en avançant une chaise ; asseyez-vous.

Jacques obéit et s’assit entre les deux experts. Viguebel, suivant son habitude, tremblait, mais n’ouvrait pas la bouche.

— Nous avons eu le triste honneur d’être appelés par M. le juge d’instruction, commença M. Despax ; vous savez sans doute, en votre qualité de défenseur de la prévenue, le résultat de nos analyses médico-légales ?

L’avocat fit un signe de la tête.

— M. Gaste et M. Labarthe, continua Despax, ont trouvé le corps de M. de Sauvetat saturé de poison. Que diriez-vous, si tout cela était faux, si à la place d’un rapport foudroyant, on vous établissait de bonnes petites conclusions prouvant comme un et un font deux, que M. de Sauvetat n’a pas été empoisonné le moins du monde ; que l’acétate de plomb vu par M. Gaste est une chimère, qu’il n’y avait nulle part une parcelle de poison dans ce qui nous a été confié, que votre cousin enfin a succombé à une hépatite des mieux caractérisées, comme l’avait diagnostiqué M. Delorme ?

— Comment ! s’écria Jacques, suffoquant de joie, ce que vous me dites là est vrai, exact ?… En votre âme et conscience, il n’y a pas de poison ?… Vous êtes d’opinions différentes, deux contre deux. Oh ! mais alors, je la sauverai, elle me sera rendue !…

Et Jacques, haletant, pâle comme la mort, mourant de bonheur, à la perspective de cette révélation si peu attendue, arracha d’un geste brusque sa cravate, car l’émotion l’étranglait.

Devant cette expansion, Despax pouvait à peine se contenir, et si la préoccupation de Jacques eût été