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que soit le bien qu’ils vous ont fait ! mais c’est un dévouement qu’on n’a que pour un père, un frère, un mari, ou…

— Achevez, Jacques, dit-elle froidement en voyant l’hésitation du jeune homme.

Mais celui-ci était déjà à ses pieds.

— Je n’ai jamais douté de vous, Marianne, dit-il, je n’en douterai jamais.

Et portant la main à son front :

— Pardonnez-moi, fit-il ; je deviens fou, je souffre tant !… Moi qui mourrais pour prouver votre innocence !

Elle le releva.

— Je ne veux pas que vous souffriez jamais de… ces calomnies-là, reprit-elle vivement, jamais, certifiez-le-moi. Je m’étais juré que nul ne connaîtrait, moi vivante, le nom de mon père, ni le mystère de ma naissance. Je vous promets, Jacques, d’écrire tout cela pour vous, dans quelque temps… après ma condamnation… D’ici-là, croyez en moi, je vous le demande.

— Sa condamnation !… s’écria le jeune homme en s’arrachant les cheveux. Comme elle prononce cet horrible mot, et devant moi !…

À ce moment, le geôlier frappa à la porte de la cellule. L’heure règlementaire était écoulée depuis bien longtemps, il fallait se séparer.

— Je reviendrai, dit l’avocat, espérant obtenir, par ses visites quotidiennes, une indication ou un mot.

— Oui, répondit-elle, à une condition : c’est que vous ne chercherez plus à ébranler ma résolution. Me le promettez-vous ?

Jacques comprit que toute insistance se briserait contre cette volonté de fer, et qu’elle était femme à ne pas le revoir s’il hésitait.