— Il souffre me disaient les uns.
— Il oublie, répondaient les autres.
Il souffre, alors je voulais mourir !
Il oublie, mon cœur se brisait, mais je ne les croyais pas. Jacques, mon Jacques, le fiancé de mon âme, l’éternel amour de ma vie n’avait pas un soupir qui ne fût à moi comme j’étais à lui !…
Épuisée, elle retomba sur sa chaise, cachant sa tête dans ses mains :
Jacques la souleva dans ses bras.
— Ah ! ma bien-aimée, ma vie, mon âme !… murmura-t-il, fou de bonheur. Que me fait le monde entier maintenant ? je sais comment tu m’aimes !
Leurs lèvres se rencontrèrent… Un long moment ils restèrent ainsi, confondant leurs baisers et leurs larmes.
Marianne, la première, s’arracha à l’extase.
— Jacques, dit-elle, je t’ai laissé lire dans mon cœur, tu sais qu’un seul être le remplit, et cet être c’est toi.
Comprendras-tu après cela que la nécessité qui me pousse à vouloir être condamnée, est vraiment impérieuse ? Croiras-tu que si je sacrifie un bonheur pareil à celui que notre amour nous aurait donné, ce soit pour une raison qu’on puisse facilement ébranler ?
Jacques n’avait pas la force de répondre.
— Te perdre, dit-il enfin, lorsque je te connais d’aujourd’hui seulement, lorsque je vois comment tu sais aimer, lorsque je peux à peine comprendre quels trésors de bonheur sont en toi ! Ah ! j’aime mieux mourir !…
Elle le regarda avec une indéfinissable expression.
— Jacques, mon unique ami, dit-elle, si je croyais qu’un seul homme sur terre pût vous égaler en noblesse et en dévouement, je ne vous imposerais pas un sacri-