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moiselle ? demanda M. de Boutin, et la scène qu’elle raconte s’est-elle passée ainsi ?

— Parfaitement. Elle n’a rien oublié, tout est scrupuleusement exact.

M. Drieux regarda le juge avec un sourire de triomphe.

— Pouvez-vous me dire, poursuivit-il, quelles sont les promesses que vous avez faites à M. de Sauvetat ?

— De veiller sur sa fille, de l’aimer comme je l’ai toujours fait, de l’entourer de soins et de tendresses, de lui donner ma vie, s’il le fallait.

— Et c’est pour mieux la protéger que vous avez tué son père ? interrogea M. Drieux à brûle-pourpoint.

La jeune fille resta muette.

Le procureur continua :

— Mais expliquez-vous donc sur vos relations avec M. de Sauvetat ! Et si vous le pouvez, dites-nous comment elles étaient innocentes et loyales, avec tant d’apparences de mensonge et de tromperie ?

Les mains de Marianne, croisées sur ses genoux, tremblèrent légèrement, sa bouche se contracta involontairement, mais ce fut tout ; elle ne répondit pas.

Le procureur eut un mouvement de colère.

Il était irrité de ce silence obstiné, sous lequel il sentait bien que la prévenue lui rendait en mépris l’acharnement dont il faisait preuve.

— Allons donc, fit-il, vous croyez nous en imposer, vous vous trompez. Vous avez beau vous taire, ces relations apparaissent claires et précises, et elles expliquent parfaitement le mobile de votre crime.

Il est évident qu’après vous avoir recueillie et élevée, M. de Sauvetat n’a pas su résister à la tentation que lui offraient votre jeunesse et votre beauté.