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— Vous n’avez pas éprouvé d’indispositions même légères depuis longtemps ?

— Aucune.

Lentement, le juge sortit de sa poche la fiole presque vide.

Elle poussa un cri et devint pâle comme une morte.

— Où avez-vous trouvé cela ? s’écria-t-elle. Dites, répondez…

— Dans le placard de votre chambre, caché dans une excavation presque invisible.

— Dans le placard !… répétait-elle.

Son regard devint fixe et préoccupé, on aurait dit qu’elle cherchait à pénétrer un mystère qui l’effrayait.

Au bout d’un instant, ses traits se détendirent.

— C’était dans ma chambre ? interrogea-t-elle de nouveau. Ah ! je sais ! dans le placard qui est contre mon lit, n’est-ce pas ?

Le juge fit un signe affirmatif.

— J’aurais dû m’en douter, murmura-t-elle tout bas ; j’avais l’habitude d’y laisser mes clefs.

M. Drieux l’entendit.

— Ne le regrettez pas, Mademoiselle, nous l’aurions fait ouvrir, nous en avions le droit.

Un sourire mystérieux erra sur ses lèvres, mais elle se contenta de hausser les épaules.

— Voulez-vous me jurer, Mademoiselle, demanda M. de Boutin, que non-seulement vous n’avez pas acheté cet extrait de saturne, mais encore qu’il n’a pas été déposé par vous où nous l’avons trouvé ?

Sa voix était presque suppliante.

Marianne fixa ses grands yeux sur lui ; quelque chose d’humide et d’attendri mouilla son regard, mais elle ne répondit pas.

— Faut-il le dire, continua l’austère magistrat espé-