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Le procureur suivait anxieusement chacun des mouvements du juge.

— Eh bien ! dit-il triomphant, lorsque M. de Boutin lui remit la fiole, commencez-vous à être convaincu ?

— Pas le moins du monde, répondit l’autre sans hésiter ; la présence de ce liquide dans le placard ne vous dit pas la main qui l’y a caché. Et puis, si c’est du poison, quel est le pharmacien capable d’en délivrer une quantité aussi considérable sans ordonnance ?

— Vous demanderez cela à la prévenue, repartit M. Drieux.

Et sa voix légèrement métallique tremblait sous les effluves d’un bonheur infini.

Le soir même, le liquide confié aux chimistes, fut reconnu pour être de l’acétate de plomb tout pur.

Le lendemain, les deux magistrats se rendirent à la prison.

— Nous venons de découvrir une charge terrible contre vous, Mademoiselle, commença M. de Boutin.

— Rien qu’une ? interrogea-t-elle avec son mystérieux sourire ; cela m’étonne.

— Voudriez-vous répondre à une question que je dois vous poser ?

— Si je le puis, certainement.

— Combien y a-t-il de temps que n’avez quitté Roqueberre ?

Elle réfléchit un instant et répondit :

— Plus de six mois.

— Ah ! vous me le jurez ?

— Positivement, madame de Sauvetat du reste peut vous l’affirmer aussi.

— C’est étrange murmura-t-il.