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— Madame de Sauvetat n’a-t-elle jamais veillé sans vous son mari ?

— Deux fois, Monsieur, dans les commencements de la maladie.

— Pourriez-vous vous souvenir quels remèdes ont été administrés cette nuit-là ?

Marianne hésita. Blanche intervint.

— Je me rappelle parfaitement, moi, dit-elle avec une certaine précipitation ; j’ai donné deux fois à mon mari d’une tisane faite à l’office et qui chauffait dans la veilleuse.

— Qui l’avait préparée ?

— Moi, dit Marianne, et je l’ai versée également dans la veilleuse où madame de Sauvetat l’a trouvée.

M. de Boutin ébaucha presque un geste de dépit.

Le procureur, avec un sourire de triomphe, continua :

— De quoi se plaignait M. de Sauvetat ?

— De douleurs dans le côté, de coliques atroces, de la paralysie presque complète des pieds et des mains, enfin d’une exaltation de sensibilité extrême.

— Saviez vous que M. de Sauvetat vous laissât cinquante mille francs après sa mort ?

— Oui, je connaissais depuis longtemps déjà ses intentions.

— Aviez-vous provoqué ce legs ?

Marianne envoya un foudroyant regard à l’imprudent magistrat, haussa les épaules, puis baissa les yeux.

— L’aviez-vous accepté ? continua M. Drieux sans s’indigner davantage de la colère de la jeune fille.

— Oui, Monsieur, dit-elle très nettement, pour des raisons à moi connues.

Le procureur sourit finement.