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iv

qu’elle excellait à réprimer. Elle inventa des thèses, et les soutint, et, sur ses lèvres, ainsi que des libellules que le miel d’or attire, les assonnances riches se précipitaient.

Elle employa tout son entrain à peindre des élégances modernes, et des vices contemporains — qui sont de tous petits délits — Ce qu’elle a versé d’esprit dans ses alexandrins, c’est extraordinaire. Elle y a versé de l’essence d’esprit.

Il était nécessaire, pour arriver à cela, d’avoir vu Paris, le Paris de la « décadence » qui reprend, au contraire, ses forces, et les communique, et les inocule. Paris, jamais, ne fut aussi brillant, et à ses lumières voltigent tous les papillons du monde. Il renferme de surprenants travailleurs inconnus, couchés sur un papier blanc, produisant toutes les nuits, toutes les matinées, toutes les après-midis, exprimant des folies, préparant des grandeurs, défaisant des idoles, et faisant de idées. Paris de la « décadence ! » le Paris fin, le Paris lettré, le Paris raffiné, délicat, violent et doux, sentant la poudre à fusil et la poudre à visage, courant, chantant, riant, s’armant, s’habillant pour la guerre, se déshabillant pour le bal. Paris léger, comique, grave, furieux, généreux, superbe, et lascif, et flaneur, et badaud, Paris sombre, Paris gai, — oui, certes, il faut le raconter, mais, pour le raconter, il faut être sincère, et pour être sincère, il faut avoir assisté à ses métamorphoses.

Or, celle qui fit les vers que vous aller lire y assista, et, dès le premier distique, la preuve est faite.