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POÉSIES

Où la foule oublia l’étrange virtuose,
Quand, dans cette gaîté de fête bleue et rose,
Parut Max de Loris, le superbe orateur,
Puissant comme un lion, calme triomphateur,
Un frisson de respect secoua ces frivoles ;
C’est que l’écho vibrait encore des paroles
Qu’à la Chambre il avait dites si fièrement.
Dompter les femmes, c’est un passetemps charmant,
Qui prouve du talent, mais dominer les hommes
C’est plus fort et, ma foi ! voilà comment nous sommes,
Nous autres, nous aimons la force ; les soumis
Nous attendrissent un instant, sont nos amis,
Mais l’amant préféré, toujours, sera le maître ;
L’homme à la volonté ferme et douce, enfin l’être
À qui l’on obéit délicieusement.
C’est si bon de n’avoir pas à penser, vraiment.
Être libre, c’est ennuyeux… Être captive,
Heureuse, et se laisser aller à la dérive,
Quand sur le gouvernail on sent un bras très-fort,
N’est-ce pas l’idéal ? Vivre sans nul effort,
Confiante en celui qui même votre barque
Vers les clairs horizons lumineux ! Je remarque
Que seules ici-bas les femmes sans beauté
Réclament la maussade et triste liberté.
Cet homme peut manquer à la galanterie
Parfois ; c’est que son temps se doit à la patrie,
C’est qu’au bonheur de tous il sait sacrifier
Tout, même les douceurs exquises du foyer.