Un prélude onduleux, rhythmé comme une vague,
Qui s’éteignit en un murmure doux et vague ;
Alors fixant sur moi ses yeux, il m’adressa
Son poème d’amour, le rêve commença :
C’est le Nord très lointain, dans sa blancheur exquise,
C’est la steppe neigeuse où glissent les traîneaux :
Le ciel gris traversé par des vols de corbeaux.
Frileusement j’étais blottie, — âpre délice ! —
Tout près de lui, dans les tiédeurs de ma pelisse
De loutre, jusqu’aux yeux ayant bien enfoncé
Cette petite toque en velours vert foncé
Qui me va bien, dit-on, à cause de l’aigrette
D’émeraudes ; le vent tout autour de sa tête
Soulevait ses cheveux. Parfois on rencontrait
Des Tziganes errants ; une femme lisait
Un avenir d’amour dans nos mains enlacées,
Oh, quelle rhythme bizarre en leurs chansons dansées !
Comme leurs fiers talons tapaient sur le sol dur
Dans ces pays tout blancs ignorés de l’azur !
Pour moi seule chantait cet instrument magique.
Par les enchantements ailés de la musique
Tous les cerveaux étaient troublés divinement ;
Comme Orphée il chantait… ! Mais il vint un moment