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POÉSIES

Régal qu’il donnait à ma curiosité.
Son automne a gardé des flamboiements d’été,
Et puis, que voulez-vous ? il aura du prestige,
Toujours, parce qu’on l’a beaucoup aimé ; vertige
Attirant vers l’abîme où d’autres ont sombré.
Celui pour qui des yeux bleus ou noirs ont pleuré
Nous préoccupe, ainsi qu’une énigme vivante.
Toujours nous roulerons sur l’éternelle pente
Où d’autres ont glissé. Don Juan nous fascina
De tout temps : nous avons des Dona Juana.
Dans l’amour, chercher l’infini, c’est bien en somme ;
Cet idéal fuyant peut bien tenter un homme.
Quel poème plus beau, plus varié que nous ?
N’est-ce pas se grandir que vivre à nos genoux ?…
Il était séduisant, contant d’une voix basse
Ses tant belles amours du passé ; que de grâce
Disparue, et d’éclairs éteints par le tombeau !
Funèbre, mais charmeur, il me paraissait beau,
Ce sultan d’un sérail de belles trépassées.
Je sentais des frissons exquis, et mes pensées
Se troublaient dans l’air capiteux qui me grisait.
C’est amusant d’avoir un peu peur ; il disait
Tout le décaméron amoureux de sa vie ;
Un ensorcellement où la femme ravie,
Se couronnant de rose, accepte le cyprès ;
Où comme dans Boccace, on sent la mort tout près.
Heureusement, pour m’arracher au sortilège,
J’avais tous mes suivants, Lansac et puis Helphège,
Le grand commentateur du Mahabaratha,
Qui pour être galant, me compare à Sita,