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POÉSIES

Ce doux être pensif, ployant sous mon regard,
Comme un lys sous l’orage ; il est déjà trop tard
Pour m’en défendre ; j’ai presque de la tendresse
Pour lui ; je lui fais mal, mais son amour caresse
Mon orgueil par ses vers qui sont remplis de moi ;
Il attendrit mon cœur par son naïf émoi…

Tout en respirant et touchant le bouquet, elle y
trouve une lettre.
Un billet ! oh ! c’est mal, tromper ma confiance,

Non, rien n’autorisait pareille impertinence…
Ce n’est plus l’Aimery rêvé, s’il est pervers ;
Qu’il ne paraisse plus devant moi.

Ouvrant la lettre, avec une voix subitement calmée.
Qu’il ne paraisse plus devant moi. Tiens, des vers !

Duchesse, quand vient le jour,
Je vais, dans le grand bois sourd,
Dire aux oiseaux ma détresse ;
Je songe, quand vous dormez,
À votre front parfumé
Ombré d’une lourde tresse.
Madame, au soleil couchant,
Quand, dans les blondeurs d’un champ,
L’astre-roi semble descendre,
Alors chante le bouvreuil,
Et moi je contemple, en deuil,
Mes espoirs réduits en cendre.
Diane, je suis triste et seul
Dans mes draps, cruel linceul !