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POÉSIES



LA DUCHESSE ANNE


La scène est à Deauville, dans la villa Marine, chez la baronne de Maillais. Un salon, avec un piano, une petite table sur laquelle sont posés un miroir, des albums, une boîte à poudre de riz, un bouquet de fleurs des champs très harmonieux de couleurs. La duchesse Diane entre, en parlant à une personne qu’on ne voit pas. Toilette de promenade à la campagne, extrêmement élégante.
Parlant à une personne qu’on ne voit pas.
Non, laissez-moi, marquis, je ne veux voir personne.

J’ai besoin d’être seule, allez rejoindre Yvonne
Au croquet, ou Lansac et le prince au billard ;
Je veux me reposer, je reviendrai plus tard
Écouter vos exquis concetti, mais, de grâce,
Ne me poursuivez pas, je suis nerveuse et lasse.

Entrant tout à fait en scène.
Gentil, mais un peu fou, ce marquis Doria ;

On prétend qu’à son club, un soir, il paria
De m’offrir à souper dans son palais de Gènes.
C’est un sang azuré qui coule dans ses veines,
Ses mains sont en ivoire et ses cheveux en or,
Un César Borgia… qui serait un ténor.
Il semble échappé d’un tableau du Veronèse,
Mais, quand il va parler, on attend l’ut dièze ;