Page:Nina de Villard - Feuillets parisiens, 1885.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.
POÉSIES

Pour parfumer ma loge avec des senteurs rares
On a fait voyager du printemps dans les gares.
On a cueilli le jasmin d’or, cher à Carmen
Sur les sierras, sur les glaciers, le cyclamen ;

Désignant un de ses bouquets
Et cette violette aux tons pâles est née

Sur les bords qu’attiédit la Méditerranée.


Et pourtant, je m’en vais, ingrate, vous quitter.
Je pars, — bien que je sache à n’en pouvoir douter.
Que, dans la salle, il n’est pas un cœur qui ne batte,
Quand j’entre en scène avec des airs mignons de chatte

À certains spectateurs
Vous qui créez mes travestis exquis et fous.

Vous, le grand financier, découvreur d’astres, vous,
Messieurs du Strapontin, du couloir, de la loge,
Qui remplissez votre journal de mon éloge,
Laissez-moi vous conter, pour me justifier,
Le rêve auquel je vais tous vous sacrifier.



Rêveuse, très lentement
Pouvoir tous les matins, sans qu’un filet la serre,

Peigner ma chevelure opulente et sincère,