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POÉSIES

Qui s’assied toujours plein d’appétit au banquet,
Et cueille dans la vie un éternel bouquet.
Ai-je fait, chers parents, enfin vibrer la corde ?
Vos cœurs sont-ils touchés ? J’espère qu’on m’accorde
Le mérite du moins d’avoir dans mon passé
Toujours fait quelque bien alors que j’ai nocé.
Que voulez-vous ? Chacun doit suivre sa nature.
L’un court le handicap et l’autre l’aventure.
Tout être au fond de l’âme a son ambition
Et se doit d’obéir à sa vocation.
L’un rêve les succès, il se fait acrobate,
Ayant le goût du whist un autre est diplomate,
Si l’on tient à ravir les femmes, on se fait
Chanteur — et si l’on aime à voyager, préfet,
Tel, futur avoué, se plaît dans le grabuge,
Un homme très enclin au sommeil devient juge.
Oh ! laissez-moi rester, — cela me va si bien ! —
Celui qui parmi vous passe en ne faisant rien.
Messieurs et chers cousins, mesdames et parentes.
Laissez-moi sous le gai soleil manger mes rentes,
Inscrivant sous les plis joyeux de mon drapeau
Cette devise fière et moderne : Être beau.