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berté lui est prouvée justement par ceci qu’il ne lui reste plus aucun moyen de s’emparer de l’Anneau d’or, de ce symbole de la toute-puissance terrestre et en même temps des plus grands dangers pour lui-même tant qu’il est dans la possession de ses ennemis. La peur de la fin et du crépuscule de tous les dieux s’empare de lui ainsi que le désespoir de ne pouvoir qu’attendre cette fin sans s’y opposer. Il a besoin de l’homme libre et sans peur qui puisse, sans son conseil ou son assistance, en se révoltant même contre l’ordre divin, accomplir de son propre mouvement l’action héroïque interdite au Dieu ; il ne le voit point paraître, et se trouve forcé de se soumettre aux conséquences de l’engagement qu’il a pris, au moment même où vient de poindre une nouvelle espérance. C’est par sa main que doit périr ce qu’il a de plus cher ; la pitié la plus pure doit être punie par sa souffrance. Alors enfin,