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du savoir, qu’on rencontre dans les villes savantes. Chez lui le sentiment facile à exciter n’était appaisé que superficiellement. Aussi loin que s’étendaient les regards du jeune homme, il se voyait entouré de mœurs singulièrement prudentes, mais actives, avec lesquelles le brillant théâtre formait un contraste ridicule, les sons entraînants de la musique un contraste incompréhensible. En général, celui qui sait comparer s’étonne toujours qu’il soit si rare de voir l’homme moderne, lorsqu’il est doué de talents remarquables, posséder dans la période de l’enfance et de la jeunesse la qualité de la naïveté, le sentiment simple et naturel de son individualité ; et combien il lui est difficile de le posséder. Et l’on verra même que des hommes rares qui, comme Gœthe et comme Wagner, arrivent à la naïveté la possèdent à présent plutôt dans l’âge mûr que dans celui de l’enfance et de la jeunesse. L’artiste surtout, doté en