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différents états de l’âme, certaines formes particulières étaient nécessaires ; d’autres furent introduites par la convention. Quant à la durée des compositions, elle fut fixée par la prudence du musicien qui voulait bien éveiller certain sentiment chez son auditeur mais non le fatiguer par la trop longue durée de cette sensation. On fit un pas de plus lorsqu’on esquissa successivement les images de sentiments opposés et qu’on découvrit le charme des contrastes ; on fit un autre pas en avant en réunissant dans le même morceau le contraire de l’éthos, en opposant, par exemple, l’un à l’autre un thème masculin et un thème féminin. Mais ce n’étaient en somme que des degrés encore bruts et primitifs dans le développement de la musique. La peur de la passion dictait une partie de ces lois, la peur de l’ennui faisait naître les autres ; tout sentiment profond ou dépassant les bornes habituelles était regardé