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monde de visions telles qu’avant lui le créateur seul d’œuvres semblables à l’Anneau du Nibelung aura pu les contempler en sa qualité de formateur souverain qui, comme Eschyle, montre la voie à un art futur. L’émulation de la jalousie ne doit-elle pas déjà nécessairement réveiller de grands talents si le plastique compare l’effet produit par son art avec celui d’une musique telle que celle de Wagner ; d’une musique qui contient un bonheur lumineux et sans mélange, si bien qu’il semble à celui qui l’écoute que presque toute la musique précédente n’ait parlé qu’un langage embarrassé, dépendant et tout extérieur, comme si jusqu’alors elle ait dû servir de jeu à ceux qui n’étaient pas dignes de sérieux, ou d’enseignement et de démonstration pour ceux qui ne sont pas même dignes de jeu. Cette musique antérieure ne nous pénètre que pendant quelques heures fugitives de ce bonheur que nous éprou-