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auxquels il fut permis d’y contribuer, est l’anticipation d’une jouissance, d’une vie de l’ordre le plus élevé, à l’aide de laquelle ils se sentent féconds, heureux et rendant heureux bien au-delà du présent fugitif ; et pour Wagner lui-même, un sombre nuage plein de difficulté, de souci, de méditation, de chagrin, un nouvel assaut des éléments les plus hostiles, mais tout cela pénétré du rayonnement de l’oubli de soi par fidélité, et transformé par cette lumière en un bonheur inexprimable.

Il est à peine besoin de le dire : le souffle tragique a passé sur cette vie. Et celui dont l’âme peut en pressentir quelque chose, celui pour lequel la nécessité d’une illusion tragique sur le but de la vie, le brisement des intentions, le renoncement et la purification par l’amour, ne sont pas des notions étrangères, doit sentir dans ce que Wagner nous montre a présent dans son œuvre comme une vague