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après elle, et dans un espace de temps fort court, un tableau de la société d’une nuance toute différente, les Meistersinger de Nuremberg ; c’est l’artiste qui, même dans ces deux compositions, semble n’avoir fait que se reposer et se rafraîchir pour terminer à loisir le gigantesque édifice projeté et commencé bien auparavant, le but de toutes ses pensées pendant vingt ans, son œuvre de Bayreuth, l’Anneau du Nibelung ! Ceux qui peuvent s’étonner de la proximité de Tristan et des Meistersinger n’ont pas compris un point essentiel dans la vie et la nature de tous les Allemands véritablement grands ; ils ne connaissent pas le sol unique dans lequel peut se développer cette gaieté si essentiellement allemande de Luther, de Beethoven et de Wagner, qui n’est pas comprise des autres peuples et que les Allemands d’aujourd’hui semblent avoir désapprise ; ce parfait mélange de simplicité,