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ment sacrifiés ? Un même sort leur était échu en partage, preuve de leur étroite et mystérieuse parenté : considérablement abaissé et défiguré, transformé en „conte“, dépouillé de son admirable et sainte virilité, le mythe était devenu la possession des enfants et des femmes du peuple qu’il amusait et réjouissait dans leur délaissement ; la musique s’était conservée au milieu des pauvres et des simples, au foyer des solitaires ; le musicien allemand n’avait point réussi à se poser favorablement dans la poursuite élégante des arts ; il était devenu lui-même un de ces contes plein de monstres et de mystères, riche en voix et en augures touchants, un questionneur dans l’embarras, quelque chose d’enchanté qui avait besoin d’être délivré du charme qui le retenait prisonnier. Ici l’artiste comprit clairement la mission qui ne s’adressait qu’à lui, de restituer au mythe sa nature virile et de délivrer la musique,