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s’imposa à lui sous une nouvelle forme et plus puissante que jamais après le profond désespoir et les regrets qu’il avait traversés. De l’influence, une influence incomparable par le théâtre ! — mais sur qui ? Il frémissait en songeant sur qui jusqu’alors il avait voulu exercer son influence. Sa propre expérience lui fit comprendre combien est indigne la position de l’art et des artistes, comment une société sans âme, ou dont l’âme est endurcie, une société qui voudrait passer pour la bonne et qui n’est au fond que la méchante, traîne à sa suite l’art et les artistes pour les faire servir à la satisfaction de besoins factices. L’art moderne est un luxe. Il le comprit, et comprit de plus que l’art est indissolublement lié au droit à l’existence d’une société luxueuse. De même que cette dernière, usant de son pouvoir avec une prudence impitoyable, réussit à rendre le faible, c’est-à-dire le