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ne se fiait presque plus à sa propre main, à son propre coup d’œil ; il cherchait sa route d’un pas mal assuré ; de sorte que ce fut pour lui comme une merveilleuse découverte de se sentir encore musicien, encore artiste, de sentir même qu’il venait seulement de le devenir réellement.

Chacune des périodes suivantes dans le développement de Wagner se distingue en ceci, que les deux forces fondamentales de sa nature s’unissent toujours plus étroitement. La crainte qu’elles avaient l’une de l’autre commence à diminuer ; à partir de ce moment la personnalité supérieure ne croit plus faire une grâce à son frère plus fort et plus terrestre, en se mettant à son service, car elle l’aime et ne peut se refuser à le servir. Lorsqu’elles ont acquis leur entier développement, la délicatesse et la pureté la plus parfaite se retrouvent aussi dans les manifestations de la force ; l’impétueux instinct suit son