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voir d’exécution de Wagner, et son „goût“ ainsi que son intention, s’adaptèrent de tous temps et parfaitement l’un à l’autre ; ils grandirent et s’affranchirent en même temps ; mais au commencement ceci n’était pas encore le cas. Que lui importait le sentiment faible, mais noble et pourtant exclusivement solitaire, qu’entretenait loin de la foule quelque ami de l’art ayant joui d’une éducation littéraire et esthétique ! Mais ces violentes tempêtes des âmes qu’engendre la foule en présence de certains efforts éclatants du chant dramatique, cette ivresse des esprits si rapidement contagieuse, si complètement sincère et désintéressée, — ceci était bien l’écho de ce qu’il éprouvait, de ce qu’il sentait lui-même ; ceci l’animait d’un ardent espoir de puissance et d’influence suprême ! Ce fut donc ainsi qu’il comprit le grand opéra, comme moyen qui lui permît d’exprimer son idée dominante ; c’était vers lui que