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ment encore celui sur lequel devait s’exercer cette influence. À l’aide de l’œil magique du dramatiste qui lit dans les âmes comme dans un livre familier, il étudia soigneusement le spectateur et l’auditeur ; et quoique ses expériences à ce sujet le remplissent souvent d’inquiétude, il n’en recherchait pas moins sur le champ les moyens de les dominer. Ces moyens étaient à sa disposition ; ce qui agissait fortement sur lui-même, il était capable aussi de le vouloir et de l’exécuter ; il se trouvait à chaque degré au niveau de ses modèles pour ce qu’il voulait créer lui-même ; et n’a jamais douté de pouvoir exécuter aussi ce qui avait su lui plaire. En ceci sa nature est peut-être encore plus présomptueuse que celle de Gœthe qui disait de lui-même : „en toute chose je pensais toujours en être déjà maître ; on aurait pu me donner la couronne d’un roi que je l’eusse trouvé tout naturel.“ Le pou-