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âtre que l’art peut exercer une influence incomparable, la plus grande des influences, elle souleva dans tout son être une fermentation des plus actives. Elle n’apportait pas tout d’abord avec elle la décision claire et lumineuse sur ce qu’il y aurait à faire et à désirer ultérieurement. Cette idée parut d’abord presque uniquement sous la forme d’une tentation, comme l’expression de cette sombre volonté personnelle sans cesse avide de puissance et d’éclat. Une influence, une influence incomparable, et par quoi ? Sur qui ? Ceci fut dès lors la question, la recherche infatigable de sa tête et de son cœur. Il voulait vaincre et conquérir ; il voulait arriver comme aucun artiste avant lui, et d’un seul bond si c’était possible, à cette toute-puissance tyrannique vers laquelle il se sentait obscurément poussé. Il mesurait d’un regard jaloux et spéculateur tout ce qui obtenait quelque succès, il observait plus attentive-