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la nature avec une redoutable promptitude au dégagement de toutes ses forces, à la révélation de ses mystères les plus profonds ; et il l’y contraint au moyen de la pudeur. On peut dire sans métaphore qu’avec ce regard il a surpris la nature, qu’il l’a entrevue dans sa nudité. Elle cherche alors à se voiler de ses contrastes. Ce qui jusque là était intime, invisible, se réfugie dans la sphère des phénomènes et devient visible ; ce qui jusque là n’était que visible se plonge dans l’océan mystérieux de la mélodie. C’est ainsi que la nature, tout en voulant se dérober aux regards, révèle l’essence de ses contrastes. L’artiste dramatique idéal exprime ce qui se passe alors en lui et dans la nature par une danse au rhythme impétueux mais léger, et par des mouvements extatiques. Le dithyrambe de ses mouvements proclame aussi bien une intelligence frémissante, une pénétration triomphante,