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et faire abnégation complète de soi-même dans l’amour ! Toutefois, le choc que nous admettons ici est le miracle positif qui se produit dans l’âme du dramatiste dithyrambique ; et s’il était possible de se faire quelque part une idée claire de sa nature, ce devrait-être là. Car ce sont là les moments de la conception de son art, lorsqu’il est subjugué par le choc des sentiments contraires, lorsque le trouble et l’étonnement orgueilleux qu’il éprouve à l’égard du monde s’unit en lui au désir ardent d’embrasser ce même monde avec amour. Dès lors les regards qu’il tourne vers la terre et la vie sont toujours comme des rayons de soleil qui „attirent les vapeurs“, qui condensent les brouillards, qui rassemblent les nuées orageuses. Discret et pénétrant à la fois, exempt d’égoïsme et riche d’amour, son regard s’abaisse sur toutes choses et là où il dirige la lumière de ce double rayonnement il excite