Page:Nietzsche - Par delà le bien et le mal.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
PAR DELÀ LE BIEN ET LE MAL

envers nous-mêmes peut-être), alors ils deviendront inévitablement nos calomniateurs et nos détracteurs instinctifs, quand bien même ils resteraient nos « amis ». — Bienheureux les oublieux, car ils « s’en tireront », même de leurs bêtises.

218.

Les psychologues de France — y a-t-il encore aujourd’hui des psychologues ailleurs qu’en France ? — n’ont pas encore épuisé leur verve amère et multiforme contre la bêtise bourgeoise, comme si… Bref, c’est là le symptôme de quelque chose. Flaubert, par exemple, ce brave bourgeois de Rouen, ne voyait, n’entendait et ne sentait plus que cela à la fin : — c’était pour lui un mode de torture et de cruauté raffinée appliqué à lui-même. Maintenant, pour changer — car ce genre commence à devenir ennuyeux, — je recommande autre chose à votre enthousiasme : c’est l’astuce inconsciente que prennent à l’égard des esprits supérieurs et de leur tâche, tous les braves cerveaux, tous les esprits épais de la bonne moyenne, cette astuce délicate, crochue, jésuitique, mille fois plus subtile que l’intelligence et le goût de cette classe moyenne durant ses meilleurs moments — et même que l’intelligence de ses victimes. Ce qui prouve, une fois de plus, que « l’instinct » entre toutes les espèces d’intelligences découvertes jusqu’ici est encore l’espèce la plus intelligente. Bref, étudiez, ô psychologues,