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Là, sur les glissants chemins de rochers,
J’accours en dansant à ta rencontre,
Dansant, selon que tu siffles et chantes :
Toi qui sans vaisseau et sans rames,
Libre frère de liberté,
T’élances sur les mers sauvages.

À peine éveillé, j’ai entendu ton appel,
J’ai accouru vers les falaises,
Vers les jaunes rochers au bord de la mer.
Salut ! Déjà comme les clairs flots
D’un torrent diamantin, tu descendais
Victorieusement de la montagne.

Sous les airs unis du ciel,
J’ai vu galoper tes chevaux,
J’ai vu le carrosse qui te porte.
J’ai même vu le geste de la main
Qui, sur le dos des coursiers,
Comme l’éclair abat son fouet, —

Je t’ai vu descendre du char,
Afin d’accélérer ta course,
Je t’ai vu court comme une flèche
Pousser droit dans la vallée, —
Comme un rayon d’or traverse
Les roses de la première aurore.

Danse maintenant sur mille dos,
Sur le dos des lames, des lames perfides —
Salut à qui crée des danses nouvelles !
Dansons donc de mille manières,
Que notre art soit nommé — libre !
Qu’on appelle gai — notre savoir !

Arrachons à chaque plante
Une fleur à notre gloire,