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précurseurs de l’artiste, et souvent même du « génie »). Dans des conditions sociales plus élevées, sous une pression analogue, se développe également une espèce d’hommes analogue : mais alors les instincts de comédien sont le plus souvent contenus par un autre instinct, par exemple chez les « diplomates », — je serais d’ailleurs disposé à croire qu’un bon diplomate pourrait toujours encore devenir un bon acteur, en admettant, bien entendu, que sa dignité le lui permît. Mais pour ce qui en est des juifs, ce peuple de l’assimilation par excellence, on serait disposé à voir en eux, conformément à cet ordre d’idées, en quelque sorte a priori, une institution historique pour dresser des comédiens, une véritable pépinière de comédiens ; et, en effet, cette question est maintenant bien à l’ordre du jour : quel bon acteur n’est pas juif aujourd’hui ? Le juif en tant que littérateur né, en tant que dominateur effectif de la presse européenne, exerce, lui aussi, sa puissance, grâce à ses capacités de comédien ; car le littérateur est essentiellement comédien — il joue « l’homme renseigné », le « spécialiste ». — Enfin les femmes : que l’on réfléchisse à toute l’histoire des femmes, — n’est-il pas nécessaire qu’elles soient avant tout et en premier lieu des comédiennes ? Que l’on entende parler des médecins qui ont hypnotisé des personnes du sexe féminin ; et enfin qu’on se mette à les aimer, — qu’on se laisse « hypnotiser » par elles ! Qu’est-ce qui en résulte toujours ? Que ce sont elles qui « se donnent », même quand elles — se donnent pour… La femme est tellement artiste…